Les grands travaux de Louxor
Temple de Karnak
Cette voie de 2,5 kilomètres, où avaient probablement lieu des processions au temps de l'Egypte ancienne, est aujourd'hui enfouie sous terre. Sa réhabilitation compte parmi les points essentiels du projet "Louxor 2030", dont la réalisation au cours des prochaines années bouleversera les conditions de vie des 429 000 habitants et les conditions d'accueil des quelque 4 millions de touristes qui, chaque année, visitent les temples de l'ancienne Thèbes et les tombes de la vallée des Rois et de la vallée des Reines.
Les premiers aménagements concerneront les abords immédiats des temples de Karnak, érigés durant 1 300 ans à partir du XIVe siècle avant notre ère et qui comportaient deux obélisques, offerts à la France en 1831. L'un d'eux trône au milieu de la place de la Concorde, à Paris. Le second restera à Karnak, puisqu'en 1984 François Mitterrand a rendu aux Egyptiens le document qui aurait permis à la France d'en revendiquer la propriété.
Dès juin, la signalétique, à l'entrée des temples, devrait être refaite. Suivront des aménagements plus importants, notamment la construction de parkings, destinés à éloigner les cars de touristes de l'entrée du monument. De même, des espaces seront construits pour installer plus confortablement et plus discrètement les marchands de souvenirs et les calèches brillamment décorées, qui sont un des moyens de transport dans cette ville.
DÉMÉNAGEMENTS ET RELOGEMENTS
La réalisation de "Louxor 2030" suppose des déménagements. Ainsi, le Centre franco-égyptien d'études des temples de Karnak, qui célébrera en octobre son trentième anniversaire, gagnera de nouveaux locaux, mais sera déplacé de plusieurs centaines de mètres pour permettre le déblaiement de la vallée des Sphinx. Des chercheurs du CNRS qui y travaillent ont protesté contre la perte de leur très beau jardin.
Les autorités égyptiennes devront aussi s'occuper de reloger les 1 500 familles, dont les habitations seront détruites, car situées sur ce tracé historique. Des bâtiments seront construits dans un autre quartier dans le cadre d'une réflexion sur l'urbanisme de cette ville. Outre les travaux en matière d'électricité et d'assainissement, celle-ci prévoit la couleur rose pour le ravalement des maisons et le réaménagement du souk, déjà en cours de travaux.
L'édification d'une maison de la culture et d'un village nubiens devraient aussi trouver place dans ce vaste projet. Sur la rive ouest du Nil, des déménagements pour cause de fouilles archéologiques sont déjà réalisés à El Gournah. Ce village s'était construit sur une nécropole où étaient enterrés les nobles parmi l'entourage des pharaons. Les 2 300 familles qui y résidaient ont été réinstallées dans un nouveau village, implanté 3 kilomètres plus loin. Ces villageois, dont beaucoup vivaient du trafic des objets qu'ils découvraient sur le site, ont ainsi laissé la place aux pelles des archéologues.
Les autres grands travaux prévus par la ville de Louxor concernent l'aménagement de 250 hectares sur les berges du Nil pour accueillir les nombreux bateaux de croisière qui sillonnent le fleuve, et ne parviennent déjà plus à stationner le long des quais. Le coût de ce projet, qui risque de transfigurer la rive et de chasser quelques cultures, est estimé à 1 milliard de dollars.